Menu Content/Inhalt

Domaines d'intervention du cabinet

 

Séminaires trimestriels continus sur les concepts de Soi, de Self et d'ego

 

 

Inscriptions pour les séminaires trimestriels

débutant en Octobre 2012

Ouvert aux non-professionnels

INSCRIPTIONS aux SEMINAIRES de RECHERCHE OCT 2007

LE SELF EN PSYCHANALYSE - 2007/2008

Imprimer ou Télécharger toute la Doc IIHEP

IMPRIMER LA DOC GENERALE IIHEP POUR LA FORMATION PSYCHANALYTIQUE

Identification






Mot de passe oublié ?
Pas encore de compte ? Enregistrez-vous

Télé-paiement CB pour les Consultations en ligne et les Consultations de Conseil par Mail

 

Esprit du terrorisme ou symbolique du terrorisme? Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Appréciation des utilisateurs: / 3
FaibleMeilleur 
Articles de recherche sur les Recolonisations Néolibérales et sur la Géopolitique - Articles Scientifiques
Écrit par Muriel Mobine   
02-06-2007

Muriel Mobine

IIHEP Marseille /2003-2004

TR n°5

  

Sujet : Lire "l’esprit du terrorisme" de Jean Baudrillard et en faire l’analyse sous l’angle psychanalytique et symbolique.

   

                       

                           Les attentats perpétrés contre les Etats-Unis maintenant inscrits dans la mémoire collective, ont fait du 11 septembre 2001 une date qui marque ce début de 21ème siècle.

Avec le triomphe mondial de la toute puissance libérale a surgi l’ennemi fantomatique : l’Islam qui est partout et se bat contre cette puissance avec son arme absolue : Le symbolique et la mort. Une nouvelle façon de faire la guerre semble être née et à travers son analyse Jean Baudrillard nous dévoile ce que cet attentat a de plus puissant que les autres, son impact au niveau symbolique par le choix de la cible et des armes utilisées.

 

                        Le terrorisme est difficile à définir, trouve de nombreuses définitions et existe sous de nombreuses formes. Ce genre de terrorisme : le terrorisme religieux est l’une des plus anciennes manifestations du terrorisme(employé déjà en 72-73 av JC par les Zélotes contre les romains en Palestine) et n’est pourtant que nouvellement apparue dans l’actualité. La principale caractéristique du terrorisme religieux est que ses objectifs ne se situent pas au niveau de la société mais des idées, de la morale, de la « spiritualité ». Le terrorisme religieux évolue dans un système complexe de valeurs d’ordre spirituel face auquel la vie humaine n’a qu’un poids limité. C’est une sorte de croisade contre l’infidèle qui se veut porteuse d’un message religieux.

 

 Sur le plan psychanalytique les terroristes religieux sont des individus qui vivent pathologiquement dans l’extrême le refus du matricide et de l’inceste paternel imposé par leur famille, leur clan, la société. Par réaction d’opposition ils se sont réfugiés dans la religion (inceste maternel) et dans la destruction de tout signe de puissance de l’Etat (parricide symbolique). Ces terroristes se retrouvent face à la société occidentale où l’Etat est souverain et où le peuple pour la plupart accepte et vit dans l’inceste paternel et le matricide en supprimant la religion et en la remplaçant par la science et la technologie.

  

                        L’événement du 11 septembre a vu des avions kamikazes s’écraser sur les deux tours du World Trade Center à New York, le haut lieu des affaires et de la finance. Cette cible n’a pas été choisie au hasard. Par le nombre de victimes que ce choix permettait de réaliser, cet attentat allait avoir un impact médiatique énorme comme nous le verrons plus loin mais aussi et surtout ces tours de par leur fonction et leur structure étaient le symbole de la toute puissance de l’occident, de la réussite économique et de l’Ego hypertrophié du monde occidental sur lequel repose tout son fonctionnement.

 En effet dans notre société technologique nous sommes à fond dans l’Ego, dans la recherche du pouvoir, de la réussite sociale, économique,  politique et scientifique alors que les sociétés théocratiques ayant existé et existant encore (les terroristes en sont issus) fonctionnent dans le pouvoir de la religion et la régulation du Self. Il est évident qu’aucun de ces systèmes sociétaux n’est équilibré en ne basant tout que sur un des deux aspects de l’identité.

Dans cet événement, en choisissant d’abattre ces tours géantes, ils ont choisi d’abattre le symbole de la toute puissance américaine, le symbole de la domination du monde par une seule puissance (la mondialisation), le symbole le plus voyant de la toute puissance donc du père omnipotent qu’ils vomissent, mais aussi, et c’est peut-être là ce qui me paraît le plus puissant, le symbole de la structure interne unijambiste du monde occidental reposant entièrement sur l’Ego. En effet, le meilleur moyen étant, pour détruire un individu, de toucher son point névralgique afin de provoquer par une réaction en chaîne son effondrement total, les terroristes, en anéantissant l’instance principale du fonctionnement occidental, anéantissaient toute la structure de la mondialisation. En détruisant l’Ego il ne reste plus rien vu que le système a tout misé sur cette instance au détriment du Self et de la symbolisation (« Plus le système se concentre mondialement, ne constituant à la limite qu’un seul réseau, plus il devient vulnérable en un seul point… »et  « Dans un sens, c’est le système entier qui, par sa fragilité interne, prête main-forte à l’action initiale. » Extraits p14).

De plus les terroristes se sont donnés un avantage énorme en nous forçant à venir les combattre à un niveau symbolique sachant bien qu’il nous est impossible de venir les rejoindre sur ce terrain ! Les terroristes, au lieu d’exterminer la puissance occidentale, lui ont fait mal, l’ont humiliée, l’ont fragilisée dans ce qui peut le plus la toucher : Sa puissance égoique. Sans intégration de notre Self, sans symbolisation, comment le système pourra-t-il se reconstruire ? Il ne se reconstruira pas totalement, le venin est injecté, le Mal est en nous et nous n’avons aucun moyen pour l’enlever.

  

                         Nous venons de voir comment les terroristes se servent de notre faiblesse structurelle et du symbole de notre monstruosité pour avoir un impact puissant, mais cette hypertrophie de l’Ego nous donne aussi une autre faiblesse que ces derniers ont comprise et ont su utiliser : Le déni de la mort ! Comment dans son désir de pouvoir et de toute puissance le monde occidental peut-il accepter d’être mortel ? Il ne le peut pas, alors comment peut-il se défendre face à ce monstre qui n’a pas peur de mourir, qui n’a pas peur de mettre sa propre vie en jeu, qui n’a pas peur de se servir de sa propre mort comme arme en sachant bien que l’autre vit dans la terreur de la mort, de la sienne propre et de celle des autres ! (« Ils ont réussi à faire leur propre mort une arme absolue contre un système qui vit de l’exclusion de la mort, dont l’idéal est celui du zéro mort » extrait p24).

C’est par la symbolisation que la mort peut être acceptée et transcendée. Sans symbolisation elle ne peut que faire peur de la même façon que le vide fait peur. La religion dans les sociétés théocratiques a  réussi par de nombreux rituels à apprivoiser la mort. De par l’immortalité de l’âme elle a rendu l’anéantissement du corps plus anecdotique et supportable. Les terroristes islamistes savent cela mais nous, nous ne le savons plus.

Notre monde occidental est impuissant devant une telle horreur et la seule réponse possible au niveau symbolique est de répondre à cette mort par une mort plus grande encore. Cet excès d’horreur au niveau symbolique et réel devrait détruire le système, l’auto suicider (« …déplacer la lutte dans la sphère du symbolique où la règle est celle du défi, de la réversion, de la surenchère. Telle qu’à la mort il ne puisse être répondu que par une mort égale ou supérieure » extrait p25).

  

                         

 

                         Comment tout cela a-t-il pu arriver? Il ne s’agit pas seulement d’une guerre entre les exploités ou les oubliés d’une partie du monde et la superpuissance dominante. Non, c’est une guerre induite par la violence de l’ordre établi au sein même de son propre système. Nous avons tous étés horrifiés par les images de cet attentat mais nous avons tous jubilés intérieurement devant la destruction de cette puissance mondiale (Qui ne verrait pas d’un œil jubilatoire la destruction d’un père despotique, autoritaire et omnipotent !). Nous sommes tous complices de ce meurtre. !

Le pouvoir actuellement en place et qui nous dirige sous un air faussement libéral et démocratique est lui aussi un pouvoir terroriste qui utilise de nombreuses armes pour nous maintenir sous sa dépendance en castrant notre symbolisation et en nous bombardant de nombreux faux-selfs pour nous maintenir dans l’illusion d’un bonheur artificiel.

Toute société poussée dans son extrême génère automatiquement son contre-pouvoir (« C’est elle qui par son insupportable puissance a fomenté cette violence infuse de par le monde et donc cette imagination terroriste qui sans le savoir, nous habite tous » extrait p10-11). L’envie de rébellion et de destruction de l’ordre établi est en chacun de nous autant que dans les autres et la volonté de destruction croit à la même vitesse que la montée en puissance de la puissance. C’est l’occident qui en générant son contre-pouvoir se déclare la guerre à lui-même et le monde terroriste n’est que l’instrument, l’aboutissement de cette violence créée au sein même de ce système, l’onde de choc de cette réversion silencieuse. Un système de domination peut se défendre contre tout antagonisme visible mais pas contre la fracture interne générée par son propre système.

 

Nous pouvons comparer ça aux systèmes informatiques (Internet) qui génèrent leur virus, aux corps humains qui génèrent leurs maladies (cancers, virus, microbes…), aux maladies elles-mêmes qui dans leurs propres germes possèdent leurs anticorps.

Ce sont les cellules de la mondialisation qui se révoltent contre la mondialisation elle-même sous forme d’anticorps !

Le monde lui-même résiste à la mondialisation.

Notre société occidentale veut avec sa technologie, ses textes de loi et autres, être le symbole du Bien en voulant supprimer totalement le Mal alors que les deux sont intriquement liés et que l’un ne fonctionne pas sans l’autre : Le Bien engendre le Mal et le Mal engendre le Bien et même dans la religion les deux ont toujours été liés (« Le Bien et le Mal montent en puissance en même temps, et selon le même mouvement. Le triomphe de l’un n’entraîne pas l’effacement de l’autre, bien au contraire. »Extrait p21). En fait la seule solution pour que le Mal n’existe plus serait d’anéantir le Bien donc l’autodestruction de la société technocratique (Le Bien) telle qu ‘elle existe ferait disparaître le terrorisme (Le Mal). Dans notre société matricide d’où nous avons banni le spirituel et le symbolique nous avons oublié que tout système fonctionne en dualité alors que l’ennemi le sachant et déplaçant le combat au niveau symbolique va nous obliger à nous autodétruire pour pouvoir les vaincre (les faire disparaître).

  

                         Nous avons vu plus haut que une société dé dialectisée ne peut fonctionner éternellement :

 

        -Les théocraties fonctionnaient parfaitement au niveau de leur Self mais au détriment de leur Moi  les rendant incapables de se socialiser, de se défendre ou de se développer économiquement.

        -Les sociétés technocratiques fonctionnent trop dans l’Ego (le Moi) développant une technicité et une science de haut niveau en laissant de côté le Self et toute symbolisation.

 

                         Le système idéal serait un système fondé autant sur le Moi que sur le Self. Dans l’attentat du 11 septembre, les terroristes semblent avoir compris ça. Les terroristes ont grandi et appris parmi nous, emmagasinant dans notre monde de rationalité et de technologie tout ce qui pouvait servir dans leur combat. Ils ont su utiliser nos propres armes (technologiques, informatiques, boursières, aéronautiques, médiatiques, guerrières…) afin de les retourner contre nous-mêmes !

Par cet acte gigantesque d’horreur, ils nous ont manipulés et poussés à utiliser nos médias afin d’augmenter la puissance de cet événement. A travers les images diffusées, les tours ne sont pas tombées une fois mais des milliers de fois et l’image entrant dans tous les foyers, dans tous les pays en ont fait un événement non pas localisé à un seul pays mais un événement mondial (p36 à 39). La multiplication à l’infini de ces images nous a doublement  traumatisés par le fait que ces images ne sont pas pour une fois de la fiction mais la réalité. La violence de la réalité surajoutée à la fiction de l’image décuple l’horreur.

 

-Terrorisme de l’acte + terrorisme de l’image = Super terrorisme !

 

De plus en amenant la lutte sur un plan symbolique, ils ont potentialisé leur action :

 

-Acte symbolique + rationalisation et technique = Méga puissance !

 

-Structure opérationnelle + pacte symbolique = Ego + Self = Réussite

 

En utilisant notre technologie, en mettant en jeu leur propre mort et en utilisant le symbolique ils ont potentialisé l’acte et gagnent. Il y a transfiguration de la puissance réelle par la puissance symbolique. (p31)

  

                          Dorénavant, du fait même que cette violence fait partie de nous, qu’elle grandit en notre sein, qu’elle peut survenir à tout moment et n’importe où, la peur s’installe et en parallèle à la montée de la terreur nous voyons apparaître la montée d’une mondialisation policière et sécuritaire, l’inverse de l’idéologie de liberté du départ (p42).

La victoire des terroristes est totale : C’est une victoire économique, morale, psychologique (peur des citoyens, traumas) et symbolique. Ils ont réussi à détruire ce dont le monde occidental se prévaut pour exercer son pouvoir (La liberté, son système de valeurs, la libre circulation…). Une faille a ainsi été créée que le terrorisme continue à entretenir et qui même s’entretient et s’agrandit elle-même.

 

Nous avons pris la mort de plein fouet, la faiblesse de notre système régi par la rationalité et l’Ego, notre pauvreté au niveau symbolique et la dangerosité de ce manque pour notre survie. Nous savons que nous sommes en danger mais qu’allons nous maintenant faire de ce savoir ?

 
Dernière mise à jour : ( 02-06-2007 )
 
< Précédent   Suivant >